Association nationale pour la Langue française Parlée Complétée

On se demande souvent pourquoi un enfant sourd appareillé ou implanté cochléaire aurait besoin d’autre chose  pour  comprendre et parler la langue de ses parents. Entend-t-il ou n’entend-t-il pas ?

Très souvent, les aides auditives ne suffisent pas à l’enfant sourd pour bien apprendre le français.

Stage ALPC - 2018 Val Louron

La parole perçue via un appareillage reste :

L’implant cochléaire apporte des informations supplémentaires mais ne restitue pas les sons tels qu’ils existent. L’enfant implanté peut souvent reconnaître des mots par la seule audition, si il les connaît déjà.

Mais l’implant ne permet pas toujours d’identifier clairement ni intégralement les mots et expressions nouveaux, surtout si l’interlocuteur parle vite. Les mots sont souvent confondus.

Pas de perception, pas de compréhension.
Mauvaise perception, mauvaise compréhension.

Pour comprendre ce qui est dit, il faut percevoir clairement les mots. Nous avons tous fait cette expérience, dans un hall de gare, de mal comprendre ce qui était dit, uniquement parce que quelques mots étaient mal perçus.

On est souvent convaincu que les enfants sourds peuvent comprendre en lisant sur les lèvres : mais la lecture labiale, c’est très compliqué.

La Lecture labiale ne suffit pas à l’enfant sourd
pour apprendre le français

La lecture labiale ne donne que rarement une image complète des mots.

De nombreux phonèmes (sons) sont produits sans mouvement des lèvres. « r – k – g – s – z – t – d – n ”

Ces phonèmes ne sont pas lisibles sur les lèvres. L’enfant sourd ne peut pas les percevoir quand on lui parle :

Certains mots n’ont pas d’image labiale du tout (ou une image trop floue pour être identifiable).

C’est le cas lorsque ces mots ne comportent que des phonèmes non visibles sur les lèvres. Lorsqu’on prononce “qui”, l’enfant sourd voit une sorte de sourire. “Si, ici, riz, ni”, et tant d’autres … ne sont visibles que lorsque le locuteur articule et ralentit exagérément. Si la personne qui parle commence une phase par ces mots, l’enfant sourd risque même de ne pas savoir qu’on a commencé à parler.

La LfPC rend perceptibles tous ces éléments que la lecture sur les lèvres ne permet pas de percevoir.

L’enfant sourd peut alors voir ce qu’il ne peut entendre. L’intégralité de la langue orale lui est rendue accessible.

Une voyelle peut empêcher de lire sur les lèvres la consonne qui l’accompagne (et inversement).  “loup – tout – doux – nous“ , par exemple, sont vus « ou, ou, ou ». Les informations apportées par la seule lecture labiale ne sont pas fiables. L’entendant non averti ne peut imaginer cette difficulté. Pour lui, les informations sonores sont stables. Aucun son n’est masqué par les sons voisins.

La LfPC offre toute la fiabilité de perception avec la même économie de moyens.

Ce sont les sosies labiaux. Les phonèmes “p – b – m”, “f – v”, “eu – on – ou – u – o” – etc. sont qualifiés de “sosies labiaux” car les mouvements des lèvres qui les produisent sont identiques. Les mots “pain – bain – main” (et des centaines d’autres) présentent la même image labiale.

La personne sourde ne peut savoir de quel mot il s’agit et peut confondre des mots comme :

Les centaines de sosies labiaux du français constituent certainement le plus grand écueil de la lecture sur les lèvres. Outre les mots, des phrases entières peuvent être des “sosies labiaux”.

Les compléments manuels de la LfPC résolvent ce problème.

Avec la LfPC, la lecture labiale est fiable à 100%.
Le code LPC est un complément à la lecture sur les lèvres et à l’audition.


Source : articles de France BRANCHI, professeur des INJS
Article complet : « L’enfant sourd à la découverte de langue parlée »