Association nationale pour la Langue française Parlée Complétée

Novembre 2025

« Depuis dix ans, je code pour les petits comme pour les plus grands, dans des classes parfois très calmes, parfois un peu plus agitées, avec des enseignants jeunes ou moins jeunes, à la campagne comme à la ville. Quoi qu’il arrive, je code, et j’aime ce métier auprès des enfants.

Créer un lien avec l’enfant n’est pas toujours simple. Mais lorsque la relation s’installe, que la confiance naît, que les progrès deviennent visibles, la satisfaction est immense. J’aime ce métier parce qu’il se vit en équipe. Pas seulement avec mes collègues spécialisés, mais avec des collègues au sens large, incluant aussi l’Éducation nationale, avec qui la collaboration est essentielle pour permettre à l’enfant de s’épanouir pleinement.

Je pense aujourd’hui à une enseignante qui, au départ, connaissait très peu la surdité. Comme beaucoup d’autres, elle craignait peut-être aussi le regard d’une intervenante extérieure dans sa classe, celui d’une codeuse. Puis, petit à petit, un lien s’est créé. Naturellement.

Elle a appris à coder pour toute sa classe de CP, et l’année suivante, elle a poursuivi sans moi, avec ses élèves entendants. Ensemble, nous avons chanté et codé, passant des chansons du Petit Indien Nagawica aux poésies de Verlaine.

Il y a parfois des petits dĂ©tails qui font toute la diffĂ©rence : ma chaise dĂ©jĂ  installĂ©e près du bureau de l’élève, le rythme de la dictĂ©e ralenti pour que je puisse coder l’ensemble du message. Mais aussi le plan de la classe oĂą mon prĂ©nom est inscrit ou encore simplement le fait d’attendre mon arrivĂ©e tardif Ă  cause des embouteillages pour dĂ©buter l’Ă©valuation de français ou le nouveau chapitre des fractions pas si simple !

Moi, j’ai envie de les remercier.

Les remercier de rendre notre métier plus simple, plus agréable.
De faire évoluer leurs pratiques, malgré les adaptations que l’on peut leur demander.
Cette ambiance sereine et bienveillante profite à toute la classe, à toute l’école,
et je l’espère, pour longtemps encore.

Je souhaite à chaque codeuse de connaître un jour cette relation si précieuse avec une enseignante. Une relation dans laquelle on peut exercer son métier sans crainte du jugement, avec liberté et reconnaissance.

Merci à toutes les maîtresses, à tous les maîtres, de rendre notre environnement professionnel plus humain et plus doux. »

Une codeuse en LfPC.