L’orthophoniste
Si l’on souhaite que l’enfant sourd utilise au mieux son aide auditive et parvienne à utiliser la langue de façon satisfaisante, l’accompagnement par un(e) orthophoniste est nécessaire. Quel est le rôle de ce professionnel ?
L’orthophoniste exerce son activité en libéral ou en centre de soins.
Il éduque la parole et l’audition de l’enfant sourd. Il participe à l’émergence du langage.
Des missions
- Informer les familles le plus largement possible.
- Accompagner, guider, soutenir les parents tout au long de la prise en charge.
- Donner à l’enfant et à sa famille les moyens d’accéder de façon naturelle et avec plaisir à une communication la plus riche possible.
- Développer l’audition, la parole et le langage de l’enfant (si la compréhension de la langue est en général facilitée par une pratique importante de la LfPC, l’accès à l’expression ne peut se faire sans des pratiques rééducatives adaptées).
- Entretenir des relations étroites avec les autres intervenants de l’équipe spécialisée.
Des objectifs
En éducation précoce (0 à 3 ans), l’accompagnement a lieu suite au dépistage de la surdité.
Il s’adresse à l’enfant et à ses parents et vise à :
- adapter la communication existante et préparer l’accès au langage oral ;
- restituer aux parents leurs compétences : aucun professionnel ne peut prendre la place de la famille dans l’accompagnement de l’enfant ;
- faire prendre conscience à l’enfant du monde sonore et des significations des bruits qui l’entourent (éducation auditive) ;
- faire prendre conscience à l’enfant de son corps et de ses possibilités motrices (éducation polysensorielle et perceptivo-motrice) ;
- développer les capacités de l’enfant (développement cognitif).
Les contenus de l’accompagnement orthophonique
L’éducation auditive comprend plusieurs étapes : découverte des sons, discrimination, identification, mémorisation, localisation. A cela, s’ajoute le travail de l’intensité, de la hauteur, de la durée, du rythme. En l’absence de restes auditifs (ce qui est rare), l’appréhension du monde sonore se fait exclusivement par les sensations vibratoires.
Mais l’éducation auditive ne suffit pas. L’orthophoniste à recours à des aides complémentaires: l’éducation du regard, la lecture labiale, la LfPC, l’emploi de gestes signifiants, de désignations, la LSF…
Pour que l’enfant puisse s’exprimer, la rééducation orthophonique prévoit, à l’aide de différentes méthodes possibles (verbo-tonale, Borel-Maisonny, dynamique naturelle de la parole) :
• un travail de l’articulation
• un travail de la voix
L’orthophoniste aide l’enfant à accéder à la lecture et à l’écriture.
L’orthophoniste accompagne les parents dans leur réflexion sur :
• l’utilisation de messages codés ou de messages gestués ;
• l’utilisation du cahier de vie ;
• l’accompagnement auditif.
La LfPC en orthophonie
- améliore la perception visuelle : le code vient en appui de la lecture labiale et élimine les sosies labiaux ;
- permet de présenter une langue plus diversifiée : il n’y a plus de problèmes perceptifs, l’orthophoniste peut donc utiliser de nouveaux mots et les expliquer en français, ne plus faire de phrases simplifiées à l’extrême… ;
- donne la capacité de combiner entre elles les plus petites unités qui constituent le langage et permet ainsi l’accès à la conscience phonologique ;
- permet de visualiser du début à la fin le message et apporte ainsi les notions de structure et de mémorisation ;
- permet de visualiser le nombre d’éléments et leur place dans la suite linéaire et apporte la structuration morphosyntaxique ;
- permet une communication spontanée, en dehors des situations d’exercice.
Le code LPC peut jouer un rôle de soutien et de précision dans l’articulation, mais il ne permet pas :
- de donner à l’enfant des compétences motrices ;
- de maîtriser sa voix ;
- d’apprendre à articuler : les clés ne rappellent pas les caractéristiques articulatoires des phonèmes ;
- de donner des indices mélodiques.
Tous ces éléments nécessitent des techniques rééducatives.
Remarque :
Le code LPC n’est pas réservé aux enfants qui « parlent bien »
puisqu’il agit sur le versant réception de la langue et non sur le versant production de la parole.