Hommage à Geneviève Mory

Geneviève Mory

Nous partageons la tristesse de la famille de Geneviève, décédée le 15 avril 2025. Nous souhaitons lui rendre hommage, à travers le témoignage de Denis Morel, qu’elle avait formé comme tant d’autres parents, avec beaucoup de bienveillance et de pédagogie. Nous la remercions pour son grand investissement au profit de l’association et des personnes sourdes, elle laisse un souvenir lumineux aux personnes qui l’ont connue.


Geneviève Mory

Témoignage de Denis Morel, en hommage à Geneviève Mory :

 » Grégoire, le fils de Geneviève, vient de me prévenir du décès de sa mère. Il me demande si je peux en tant « qu’ancien élève » de sa mère, dire quelques mots à son sujet.

Geneviève fut ma formatrice en 1993, lors de mon premier stage LPC de l’ALPC. (Le sigle LPfC n’était pas en vigueur à l’époque)

C’était à Super Besse, une station de sport d’hivers située dans le Puy-de-Dôme, à 1330 mètres d’altitude.

Cela faisait moins de six mois que nous avions reçu en pleine tête l’annonce du diagnostic de surdité de notre fille Chloé. Alors que nous insistions auprès du médecin pour qu’il vérifie par d’autres tests, il nous avait lancé, manifestement excédé : « Cela ne sert à rien. Elle est sourde, qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse !!! ».

Autant dire que nous avions le « moral dans les chaussettes ». Le gouffre, les obstacles, que nous présentions et que nous ne mesurions pas encore, nous semblaient insurmontables.

Pour couronner le tout, un brouillard épais régna sur la station durant toute la semaine. Impossible de voir à cent mètres. Sauf le mercredi où il se leva quelques heures pour que nous puissions admirer le cadre magnifique dont nous aurions dû bénéficier toute la semaine. (L’ALPC avait sans doute établi une convention avec le Maître du brouillard afin que nous puissions profiter du jour de relâche)

C’est dans ces conditions que Geneviève eu pour lourde tâche d’inculquer les rudiments du code au père désorienté et démoralisé que j’étais alors.

Et elle y parvint !

  • Elle y parvint par sa bienveillance, dès le premier jour et durant toute la semaine. Une bienveillance mêlée à une réelle empathie pour chacun et chacune d’entre nous. Elle écoutait, ne portait pas de jugement. Nos peurs, nos douleurs étaient entendues, prises en compte.
  • Elle y parvint en nous faisant partager sa vie, ses soucis. Elle ne voulait surtout pas apparaître comme la femme, la maman, la codeuse « Wonder Woman ». Un exemple qui me revient en mémoire : Son fils, Grégoire, approchait des 5 ans. Il était « terrible », ne tenait pas en place, ……….. Un enfant turbulent comme tant d’autres. Elle ne nous cachait pas les difficultés qu’elle rencontrait avec lui, ses doutes.
    Elle nous racontait régulièrement les « bêtises » qu’il faisait. Je m’en souviens d’autant mieux qu’elle codait souvent le prénom Grégoire, avec aisance bien sûr. Une performance pour mon petit niveau de débutant.
  • Elle y parvint par son charisme. Pas de « bla, bla » inutiles. Ses propos, ses mots étaient choisis. Elle nous guidait, nous redonnait une confiance qui nous avait abandonnés dans notre rôle de parent. On avait l’impression de ne pas savoir faire avec nos enfants sourds. « Vous allez y arriver » nous répétait elle en mettant en valeur ce que nous tentions de mettre en place et en nous dispensant modestement des conseils judicieux.
  • Elle y parvint avec pédagogie. Ce n’était pas la « grande codeuse » qu’on voit parfois dans les stages, avec une main tendue, qui se déplace à vitesse grand V autour du visage. Non, que ce soit avec nous, ses stagiaires ou avec ses enfant lorsque nous la croisions au bar (bien sûr) ou dans les couloirs, son code était mesuré et nous semblait accessible. La progression qu’elle mit en place cette semaine-là nous fit toutes et tous progresser, sans découragement, dans la confiance.

Finalement, je repartis en fin de semaine gonflé à bloc, avec la certitude que « l’outil LPC » était le bon, que ça allait marcher.

Pour l’anecdote, quatre mois plus tard, ma fille Chloé m’arrêtait dans la rue pour me demander de lui coder une phrase que je venais de répéter trois fois de suite sans qu’elle comprenne.

C’était gagné, merci Geneviève.

Durant de nombreuses années ensuite, Geneviève était là, au stage.

Toujours présente, fidèle au poste.

Les générations de parents qu’elle a formés se souviennent d’elle, j’en suis sûr. »

Denis MOREL


Télécharger le faire-part de décès
Cérémonie le jeudi 24 avril 2025 à 16h30 en la salle de cérémonie du crématorium du Mont Valérien,
104 rue du Calvaire à Nanterre.
Un moment de convivialité sera organisé après la cérémonie.