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Comment le langage se développe-t-il chez l’enfant ?

maman - papa - pain - illustration Marie Jacques

Webinaire présenté par Marie Jacques, orthophoniste – 21 mai 2022
Organisation : Adrian Travo (Advanced Bionics) en partenariat avec l’ALPC (Hélène Taguet, directrice)
Illustrations : Marie Jacques

En tant que parents, que pouvons-nous proposer à nos enfants
pour les aider à entrer dans le langage ? Et si cet enfant est sourd ?

Un enfant sourd comme un enfant entendant a toutes les compétences de communication, du point de vue neurologique, neurolinguistique. En revanche, un enfant sourd va avoir besoin d’appui visuel pour que son langage se développe convenablement. Ce développement du langage dépendra aussi de sa réhabilitation auditive.

Plan du webinaire

• Intro : de la recherche du premier mot au cercle vertueux de la communication
• Chanter, bercer … le corps, le rythme, la musicalité
• Dialoguer : l’attention conjointe et les 5 secondes de silence
• Comment corriger ?
• Jouer, parler, penser
• Nommer, lire et raconter


À la recherche du premier mot

Il est compliqué de répondre à la question « est-ce qu’il parle ? » car le langage et la parole arrivent de façon progressive et principalement grâce aux interactions avec ses parents.

parle-t-il - illustration Marie Jacques

• Au fait, c’est quoi un mot ?
« Ouah ouah » est-il un mot ? Oui, dans la mesure où l’enfant désigne un chien (ou un animal à quatre pattes) en l’appelant « ouah ouah », il y a ce qu’on appelle en linguistique un signifié et un signifiant. Cela peut être une forme sonore ou une forme gestuelle, qui renvoie toujours à un réel. Quand l’enfant commence à désigner un objet, un animal ou une personne par un son, nous pouvons le fêter !

Parfois, nous rencontrons ce genre de situation :

maman - papa - pain - illustration Marie Jacques

L’enfant fait « pa paa ma maam », la maman croit qu’il a dit « maman », le papa croit qu’il a dit « papa », alors que l’enfant voulait dire « le pain c’est bon ». Les parents ont mal interprété ce que dit l’enfant et ce n’est pas grave, d’ailleurs l’enfant a peut-être produit ces sons-là un peu par hasard.
Cette situation est fondamentale : la maman et le papa vont être très heureux de ce que l’enfant a dit. Nous arrivons donc dans un cercle vertueux.

Le cercle vertueux de la communication

Lorsqu’un enfant dit ses premiers « ouah ouah », ses premiers « pa pa », ses parents le félicitent et ils renforcent positivement ses tentatives. Le renforcement positif est le plus efficace pour donner de la motivation, l’enfant va avoir envie de recommencer et la communication va progresser.

Chanter, bercer … le corps, le rythme, la musicalité

• Notre langage est multimodal.
Un message est à la fois verbal (ce qui porte sur les mots) et non verbal (ce qui n’est pas un mot dans le langage : les gestes, l’intonation, les expressions du visage…).

• Fondamental chez l’enfant qui entre dans le langage : rythme, expression du visage, mélodie sont les appuis de la parole en construction.
Une grande partie des messages est non verbale : intonation, gestes, expressions du visage, lecture labiale. Il faut s’appuyer sur le non verbal pour arriver au verbal avec un enfant, en utilisant le rythme du corps, l’expression du visage, la mélodie. Spontanément, nous faisons des gestes avec les tout petits, par exemple le geste « au revoir » avec la main. Les comptines sont faites avec des jeux de main et du corps qui vont appuyer le rythme de la comptine.


Quelle est la place de la Langue française Parlée Complétée (LfPC) dans les comptines ou les jeux moteurs ?

Hélène : nous pouvons accompagner tous les petits mots et les mouvements du corps (balancement, jeu de dada…) avec le code LPC. Coder un mot très simple, lentement, pour habituer l’enfant à regarder la main et les lèvres, faire une alternance des petits gestes de la comptine et du code LPC. L’expressivité en codant est essentielle pour attirer le regard de l’enfant. Les « hop ! oh hisse oh hisse ! paf !…. » sont importants également, il s’agit de la prosodie, autrement dit « la musique du langage ».

Adrian : il y a une fausse idée, qui est que l’implant cochléaire donnerait un son qui ne serait pas naturel, ou métallique, et que l’on ne pourrait pas percevoir la prosodie. Or, il est tout-à-fait possible de percevoir la prosodie avec un implant cochléaire, même s’il est conseillé de surjouer la prosodie pour que l’enfant la perçoive plus facilement au début. Au fur et à mesure, l’enfant va percevoir la prosodie de façon accrue.


Pour le rythme, la prosodie, la musique du langage, les orthophonistes utilisent la méthode verbo tonale, qui est une méthode qui associe chaque son à un geste du corps entier. La verbo tonale sert aux enfants à produire des sons et à mieux les percevoir en rééducation orthophonique.
Une autre méthode est le graphisme phonétique, il s’agit de dessiner les sons avec de grands gestes accompagnés des sons.

Bateau pirate - illustration Marie Jacques

Dans cette BD, l’enfant voit le triangle de Vigipirate et pour lui c’est une voile de bateau, mais la maman ne comprend pas. Quand la maman voit le terme « pirate », elle comprend qu’il parle d’un bateau, c’est un hasard car évidemment l’enfant ne sait pas lire.

Il s’agit d’un cercle vertueux : cet enfant a l’idée d’utiliser une comptine (« Bateau sur l’eau… ») pour faire comprendre à sa maman qu’il parle d’un bateau.
Nous avons encore une fois l’utilisation de la comptine, de la mélodie et du geste, pour entrer en communication.

• L’enfant se saisit d’abord de la part non verbale pour s’exprimer
Tous les enfants commencent par faire des gestes, des mimes, des expressions du visage, avant de parler (par ex. le geste « bravo »). Le parent, en voyant le geste de l’enfant, va pouvoir renforcer positivement la volonté de l’enfant à communiquer et lui apporter la part verbale qui lui manque.

• L’adulte peut renforcer la production de l’enfant et amener la part verbale.
Dans l’exemple de la BD précédente, quand la maman aura compris que son enfant voulait lui dire « bateau », elle va lui dire : « Ah ! bateau ! tu dis toto, mais c’est un bateau mon chéri ! ». La maman va lui apporter le mot qui manque à l’enfant, éventuellement accompagné du code LPC.

• Que perçoivent les enfants sourds de la dimension non verbale de la communication ?

Adrian : les déficients auditifs en général, enfant ou adulte, développent des facultés d’observation qui sont supérieures à la moyenne. La perception de la communication non verbale sur un visage est surdéveloppée chez les personnes déficientes auditives : elles perçoivent très finement les mouvements de la bouche parce qu’elles en ont besoin pour la lecture labiale, mais aussi la moindre expression du visage. Cela leur permet d’avoir des informations complémentaires pour comprendre un message ou pour analyser les émotions d’une personne.

Participant au webinaire : il y a une contrepartie négative à cela, pour les enfants sourds en particulier. Effectivement, les enfants sourds vont développer cette capacité à analyser le non verbal, à prendre du sens : c’est excellent parce que ça les engage dans un système de communication et leur permet d’élaborer des stratégies. Mais cela peut entretenir une sorte d’illusion chez les parents qui croient que l’enfant comprend très bien et qu’il n’y a pas besoin « d’en faire plus ». Puis, on s’aperçoit quelques années plus tard qu’il y a un retard linguistique important et qu’il faut faire quelque chose.

• Comment les accompagner au mieux dans la transition vers le verbal ?
Toute la richesse non verbale nous sert d’appui pour aller vers le verbal. La LfPC peut aussi être un très bon outil pour la transition vers le verbal.

Dialoguer : l’attention conjointe et les 5 secondes de silence

La communication se construit par le dialogue, qui constitue le lien entre les parents et les enfants.

• La première étape du dialogue est l’attention conjointe.

papa - voiture - illustration Marie Jacques

Sur l’image, on voit un papa qui montre une voiture à son enfant en lui disant « regarde la voiture ! » et l’enfant regarde la voiture.

Un autre exemple est celui d’un enfant qui pointe un gâteau avec son doigt, et le parent regarde le gâteau.

C’est la première étape de communication : être capable de regarder ensemble dans la même direction.

• Particularité avec un enfant qui lit sur les lèvres
Avec un enfant qui a besoin de lire sur les lèvres, cela rajoute une petite difficulté.

Hélène : la communication peut se passer en deux temps : on regarde ensemble dans la même direction et ensuite on dit les mots accompagnés du code LPC. Il y a cette alternance du regard et du code LPC.

Dialoguer : poser une question

• Questions ouvertes (qu’est-ce que tu veux ? question ouverte parce qu’on peut donner toutes sortes de réponses à cette question).
• Questions fermées oui/non (tu veux du chocolat ? on n’attend que deux réponses possibles : oui ou non)
• Questions en QCM (tu veux du chocolat ou un biscuit ? plusieurs réponses possibles parmi un choix de réponse, semi-ouvert)

Les trois types de questions ne s’opposent pas. La question ouverte est plus difficile, mais elle est aussi plus intéressante quand l’enfant a la capacité de répondre à cette question.
Cela introduit la notion de zone proximale de développement : c’est le niveau qui est juste un peu difficile pour l’enfant (il est capable de le faire en faisant un effort). Spontanément, les parents s’ajustent à l’enfant en lui parlant « un peu mieux » que ce qu’il parle lui-même, afin que l’enfant ait un modèle un peu plus compliqué.
C’est le même principe pour une question ouverte : l’enfant peut faire l’essai d’une réponse. Si cela est trop difficile pour lui, on peut lui proposer une question fermée ou un petit QCM. Il faut s’adapter au niveau de l’enfant, en étant toujours un peu plus compliqué que ce qu’il sait faire, pour le faire progresser.

Participant au webinaire : des parents de jeunes enfants sourds me disent souvent : « je suis perdu, je ne sais pas comment lui parler ni quoi lui dire, je me demande si ce n’est pas trop simple ou trop compliqué ». Alors, je leur dis d’essayer de se concentrer sur ce que l’enfant exprime lui-même, peu importe la façon dont il le fait : « Ce que vous comprenez de l’enfant, vous le mettez en mots d’une façon simple, en rajoutant quelques éléments. Vous serez à son niveau de compréhension et vous pourrez lui apporter des choses en plus. ».

Dialoguer : les 5 secondes de silence

• L’enfant a besoin d’un espace de silence pour pouvoir parler
• Silence après une question
• Mais aussi espace d’expression de ses désirs, besoins. (Silence + inaction pendant 5 secondes)


Un petit enfant a besoin de temps pour programmer son articulation ; par exemple, pour dire le mot « chocolat » qui a 3 syllabes et un « ch » difficile à sortir, il va lui falloir un petit temps de réflexion.
Parfois, on oublie de laisser le temps à l’enfant pour qu’il réponde.
Ce petit outil des « 5 secondes de silence » va leur laisser le temps de s’exprimer, mais aussi leur donner le temps d’attendre : lorsque l’enfant s’exprime de façon non verbale (par exemple en tendant la main), nous pouvons laisser ce petit temps d’attente où le mot peut apparaitre, et ne pas donner tout de suite à l’enfant ce qu’il désire.
L’illustration suivante montre cette petite frustration devant l’objet désiré.

gateau- illustration Marie Jacques

Participant au webinaire : j’ai lu l’article d’un psychologue américain qui parlait de la nécessité de frustrer un peu les jeunes enfants pour qu’ils puissent développer la patience. Dans le monde d’aujourd’hui, tout va très vite : les images, les réponses… En frustrant un peu les enfants, on les habitue à ne pas tout avoir immédiatement.

Comment corriger ?


Enrichir… sans briser le naturel du dialogue

• La reformulation
• L’expansion
• Le prêt de phrase

Pipi cuicui oiseau - illustration Marie Jacques

Dans ces situations, l’enfant s’exprime par syllabes et à chaque fois la maman lui apporte le mot qui fait sens dans le contexte.
A la fin, elle ne comprend pas de quoi parle l’enfant (il parle de quelque chose qu’elle ne voit pas) mais elle essaie de nombreuses possibilités, elle maintient le dialogue.
Quand l’enfant dit « pi pi » pour dire un « oiseau », elle enrichit, elle reformule dans un flux de paroles naturelles.

Quand cela est possible, c’est la façon la plus naturelle de « corriger », mais il ne s’agit pas vraiment d’une correction.

je te porte - illustration Marie Jacques

Sur cette image, l’enfant tend les mains en disant « pot’ !». Le papa pourrait se dire : il veut que je le porte alors je le porte.
Mais il utilise la technique des 5 secondes de silence, et il ne va pas le porter tout de suite, il va le frustrer un peu, le temps de vérifier que l’enfant lui a bien dit :
« porte-moi ». Car l’enfant a peut-être autre chose en tête, il veut peut-être montrer à son papa qu’il a de la compote sur les mains.

Plusieurs techniques de communication sont possibles :

  • la reformulation de la phrase de l’enfant (proposer un modèle plus juste)
  • l’expansion (ajouter des éléments, profiter de ce que l’enfant a dit pour discuter avec lui)
  • le prêt de phrase (proposer à l’enfant la phrase qu’il aurait pu dire. Par exemple « Porte-moi ! »)

Développement du langage – développement de la pensée – jeu

• Le jeu, à l’intersection entre pensée et langage
• Cf travaux de Piaget / Montessori …

Le langage ce n’est pas seulement articuler des sons, c’est aussi penser le monde, c’est « parler » le monde et chez l’enfant cela passe en grande partie par le jeu.
Le jeu est à l’intersection du langage et de la pensée et ils se développent en même temps. Ils vont se co-construire dans des cercles co-vertueux (voir les travaux de Piaget et de Montessori).

Quelques exemples de « jeu – pensée – langage » :

• un enfant qui tape avec un objet en faisant « papapapapa ! » (lien entre le jeu moteur et le langage qui se construit).

• le jeu du « chacun son tour », pendant lequel vient le dialogue (par ex. faire rouler un ballon vers un tout petit pour qu’il le retourne, et accompagner de paroles : « à toi ! tiens ! donne-moi ».)

• le jeu de « caché »

Caché - illustration Marie Jacques


Dans le langage, travailler sur le « caché » va permettre de parler de l’absent. Lorsqu’on a caché un objet, il n’est plus là, mais on peut évoquer un objet absent, c’est la « magie » du langage. Cela parait évident mais c’est révolutionnaire : quand un enfant devient capable d’évoquer un objet absent, de parler de quelque chose qui n’est pas sous ses yeux, c’est une grande avancée, on peut sortir le champagne !
Cela permet aussi de prendre en compte le point de vue de l’autre. Au début du jeu de « caché », les tout petits ne savent pas le faire : ils se cachent mal et on les voit. Mais les enfants comprennent que l’on fait semblant de ne pas les voir, et eux-mêmes font semblant de ne pas savoir qu’on les a vus… Au niveau cognitif, c’est une construction très complexe.
On peut rapprocher l’enfant qui est mal caché – mais il croit qu’il est bien caché – avec une situation dans le domaine du langage où un enfant vous raconte une scène à laquelle vous n’étiez pas présent. L’enfant ne va pas tenir compte du fait que vous n’êtes pas au courant de ce qu’il s’est passé et vous êtes perdu parce qu’il vous dit : « Mais si tu sais, le camion bleu, en fait Julie… »… qui est Julie ? quel camion bleu ? … L’enfant ne prend pas en compte notre savoir et nos connaissances. Cela se construit petit à petit et par le jeu.

expérimentations - illustration Marie Jacques

L’image montre l’expérience physique, mais il s’agit également de la relation parents-enfants car le parent pourra mettre des mots sur les expériences que fait son enfant. Cette situation est à l’interaction entre langage, pensée et jeu.
Le jeu de l’enfant va lui faire découvrir les propriétés des choses et le « parler » du parent sur ses expériences, va lui permettre de penser le monde et de construire sa pensée.

L’enfant doit expérimenter pour comprendre les propriétés des objets. Par exemple, pour comprendre qu’une balle trop grande ne rentre pas dans une bouteille trop petite, il faut l’avoir soi-même testé. De même, pour savoir qu’on ne peut pas attraper l’eau avec ses doigts, il faut avoir essayé.
L’enfant acquiert ces notions petit à petit en jouant, avec l’accompagnement du parent bienveillant qui va dialoguer et s’amuser avec lui.
Particularité chez l’enfant sourd, en fonction de sa récupération auditive : il peut ne pas percevoir le son que font les objets. Or, c’est le bruit que font les objets qui nous aide à comprendre ce qu’il s’est passé. Par exemple, l’enfant qui lâche sa cuillère va entendre tomber la cuillère et il va savoir où elle est passée. La localisation des sons nous aide à comprendre le monde, à comprendre comment les objets interagissent entre eux.

Adrian : la localisation du son par un enfant malentendant est un sujet complexe mais
il y a une donnée qui est simple : pour localiser un son, il faut avoir deux oreilles qui fonctionnent plus ou moins. Avec un enfant implanté ou appareillé, il y a certaines notions techniques de compression des sons et du masquage de la tête, qui égalisent un peu le niveau sonore et cela peut minimiser l’aspect localisation.
D’autre part, la localisation ne dépend pas uniquement de l’audition en elle-même, elle est gérée par le colliculus inférieur, une zone du cerveau près du cortex auditif. Dans le cas des enfants n’ayant eu qu’un seul implant pendant plusieurs années, le colliculus inférieur peut ne pas très bien fonctionner parce qu’il n’a pas été assez stimulé.
Nous avons donc des patients implantés qui localisent presque parfaitement les sons et d’autres pas du tout mais nous n’avons pas de visibilité sur ce qu’un enfant va pouvoir localiser. De plus il n’y a pas de programme de rééducation à la localisation des sons.
La localisation est une grande thématique de recherche, menée dans plusieurs CHU en France. J’ai moi-même participé à des projets de recherche où on était dans une salle avec un casque de réalité virtuelle et où on devait pointer les sources sonores.

Nommer, lire et raconter

• Parler au présent …nommer
• Au présent … et à l’absent

Parler au présent, c’est nommer ce qu’il y a autour de nous. Les enfants sont souvent en demande, quand ils désignent les choses. Bien sûr, il faut s’assurer que l’enfant soit capable de percevoir ce qu’on lui dit.
Nous pouvons parler au présent et nous pouvons parler à l’absent (parler de ce qui n’est pas là), c’est le grand pouvoir du langage : évoquer ce qui est passé, ce qui va arriver, ce qu’on imagine… Quand l’enfant est capable de le faire, c’est un grand progrès.
Il est bon aussi de lire des livres, de raconter, pour les enfants c’est un facteur de réussite dans le langage. L’apprentissage de la lecture est facilité lorsqu’on a lu des livres à un très jeune enfant.

canapé lecture - illustration Marie Jacques

Hélène : ce n’est pas toujours facile de coder quand on raconte une histoire. Une des pistes est de simplifier et de ne pas forcément tout coder, coder seulement ce qui parait important (le vocabulaire ou les petites phrases construites par exemple) ; on peut alterner entre pointer sur l’image et coder, pointer de nouveau sur un détail et coder ce détail… il faut câliner aussi… il y a beaucoup de choses à faire. On peut aussi cacher et montrer le livre de façon alternative.

Dans les activités que nous faisons avec nos enfants, il faut prendre du plaisir, c’est le secret de tout.

Participant : évidemment le plaisir partagé c’est le secret de tout. Mais le plaisir ne se décrète pas. Certains parents disent : « pour moi c’est tellement compliqué que je n’y prends pas de plaisir et je m’en sens coupable. »

Les parents ne sont pas obligés de faire toutes les activités avec leurs enfants. Parfois, ils n’aiment pas lire des histoires mais ils font des jeux avec leurs enfants et c’est très bien. Nous devons écouter notre désir de parent, choisir les activités dans lesquelles nous sommes à l’aise et ne pas nous mettre trop de pression. Le langage est présent dans toutes les situations.

La question qui fâche

• Écrans et langage
Les enfants face aux écrans est un sujet important, les parents doivent y réfléchir et s’informer, particulièrement lorsque leur enfant est sourd.

Adrian : le problème avec les écrans c’est qu’il n’y a pas d’interaction. D’autre part, techniquement parlant, une personne implantée ou appareillée aura beaucoup de mal à accéder aux écrans de manière correcte sans les outils de connectivité, dont on ne peut pas équiper un tout petit. Certaines personnes implantées ont d’excellents résultats, qui font illusion sur leur perte auditive, pourtant ils ont toujours besoin de sous-titrages pour la télévision. Un enfant implanté ou appareillé va perdre énormément du message : pas d’interactions, des bandes fréquentielles réduites par rapport à la voix naturelle, un système de captation du son qui le renvoie après traitement (double échantillonnage), un appauvrissement de l’information sonore… A mon avis, un enfant sourd – appareillé ou non – devant un écran, c’est la catastrophe.

Il faut vraiment se méfier d’un certain discours commercial autour des jeux soi-disant éducatifs sur tablette pour les tout petits ou de programmes soi-disant adaptés aux enfants de 2 ans à la télé. C’est très mauvais pour les jeunes enfants et en termes de santé publique, cela devrait être interdit.

Participant du webinaire : j’aimerais revenir sur la localisation spatiale du son. Je suis bi-implanté et j’ai récemment participé au pavillon U à une expérimentation avec 12 autres personnes implantées. Je voulais dire que les résultats de localisation avec les micros centrés (placés dans le pavillon de l’oreille) étaient d’une excellente performance. Alors que la localisation spatiale avec un micro au-dessus de l’oreille était beaucoup plus difficile. Je pense que le micro central est une bonne piste.

Je vous remercie de l’information, j’apprends aussi des choses dans ce webinaire.

Hélène : un grand merci à toi Marie, c’était une présentation très intéressante,
très complète et joliment illustrée. J’espère que tout le monde a bien suivi ce webinaire.


Merci aussi à Agnès pour le codage de ce webinaire.


Adrian : c’était vraiment intéressant, je remercie toutes les personnes qui sont intervenues, il y avait beaucoup d’échanges, je suis persuadé que cela va pouvoir aider des parents qui n’ont pas pu se connecter aujourd‘hui.

Marie Jacques : merci pour toutes vos interventions parce que c’était très riche !

Webinaire - Developpement langage enfant - Marie Jacques - mai 2022

> Vidéo du webinaire sur la chaîne de l’ALPC

> Transcription complète du webinaire


> Fichier .pdf de l’article


Deux références conseillées :

Livre-CD « Je chante avec mon bébé » Agnès Chaumié
Comptines enregistrées et explications
sur le développement du langage

Je chante avec mon bébé - Agnès Chaumié

« 3-6-9-12 Apprivoiser les écrans et grandir », Serge Tisseron
Conseils aux parents sur l’utilisation
des écrans avec les jeunes enfants

Livre Serge Tisseron - apprivoiser les écrans